Rétro : compte-rendu de la rencontre du 24 avril sur les interdits de travail allemands

Résumé de l’exposé présenté par Christine et Wolfgang

REINICKE, Maître KALDOR du 26 avril 2024

Pour les associations LSR 66 Pays Catalan et LSR Cheminots

Événement autour du décret sur les radicaux et

les interdictions professionnelles en Allemagne

Les intervenants ont fait des présentations sur ce thème, avec un petit film pour illustrer leur propos :

Les interdictions professionnelles ont été classées historiquement en remontant à 1933 et en relation avec l’interdiction de travailler décrétée par les nazis, principalement pour les Juifs.

Christine Reinicke a parlé de l’interdiction du parti communiste allemand en 1956 en République fédérale, de la politique de détente à la fin des années 1960, de la montée en puissance de la RDA, des protestations des jeunes de gauche ainsi que des étudiants contre les injustices sociales et  la guerre du Vietnam, auxquelles se sont également joints des travailleurs. Les partis bourgeois ont réagi avec le décret sur les radicaux de 1972, initié par le chancelier social-démocrate Willy Brandt, qui a entraîné l’examen régulier de toutes les candidatures à l’emploi public, à la fonction publique, aux universités.

Le Parti communiste allemand (KPD) a été déclaré inconstitutionnel et interdit par un jugement de la Cour constitutionnelle fédérale du 17 août 1956. A cette époque, le parti comptait environ 85 000 membres.

En quelques années, 3,5 millions de citoyens de la République fédérale ont été contrôlés et environ 1500 interdictions professionnelles ont été prononcées. Les vérifications ont eu lieu pendant plus de 20 ans, malgré de fortes protestations internationales. Ce n’est qu’après la fin de la RDA que les enquêtes régulières ont été suspendues. Mme Reinicke a également expliqué comment les opposants politiques ont été traités jusqu’à aujourd’hui suite à l’enquête sur les règles, par exemple le licenciement du Dr Ulrike Guérot par l’université de Bonn.

Wolfgang Reinicke-Abel a présenté l’exemple actuel de l’expulsion de la professeure de philosophie Nancy Fraser par l’université de Cologne.

Maître François Kaldor a ajouté que l’interdiction du Parti communiste en 1956 était liée au réarmement de la République fédérale. Il a présenté les bases juridiques et économiques qui ont encadré les événements, avec de nombreux exemples. Il nous a donné un aperçu juridique des bases légales et économiques des deux Etats allemands, en faisant référence à la Constitution de la RDA et à la Loi fondamentale inachevée de la RFA. Il a illustré la diversité des deux États allemands à cette époque.

Il a fait remarquer qu’il ne s’agit pas de différence entre libéral et libertaire mais  entre freiheitlich [libéral] et frei, c’est à dire entre le mot libéral,  dans la Grundgesetz [ loi fondamentale] et le mot libre qui n’est pas la bonne traduction de freiheitlich.

D’autre part il a évoqué la question de l’unité allemande qui a d’abord été malmenée par les puissances de l’ouest et en premier lieu la France et la Grande Bretagne.

Lors des  accords de Potsdam, l’Union Soviétique a tout fait pour sauvegarder l’unité allemande. Il y a une disposition finale de la charte des Nations unies qui n’envisage l’Allemagne que d’une façon unique et unitaire.

C’est le régime économique futur de l’Allemagne qui était en cause.

La Tchécoslovaquie n’a pas adhéré au plan Marshall et l’Otan a été créée notamment à cet effet voir l’article 2.

Il a dit ce qui posait problème : l’existence d’un parti politique décidé à promouvoir la limitation de la propriété privée telle qu’elle pouvait être envisagée par le bloc non révisable du début de la Grundgesetz. C’est si vrai que l’article 21 qui prévoit le fameux ordre fondamental libéral et démocratique n’est pas dans le bloc non révisable.

C’est à partir du caractère libéral et démocratique dans leurs buts politiques, exigé des partis dans la 2ème partie de la loi fondamentale que les interdictions professionnelles ont été illégalement développées pour contrer l’ influence de la RDA dans les années 1970..

La répression des Berufsverbote était donc illégale.

La République Fédérale d’Allemagne a été très préoccupée par l’existence du Comité français pour la liberté d’expression et contre les interdictions professionnelles en RFA puisque le budget fédéral avait voté des sommes d’argent pour contrer ce mouvement.

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