Par une matinée bien pluvieuse, nous voici partis à la frontière avec l’Espagne, au petit village de la Jonquera pour visiter ce musée.
A 10h, nous avons RDV avec Roser, la guide qui va nous expliquer avec passion et pédagogie, l’exil de 500.000 Espagnols en Février 1939 après la victoire du franquisme : c’est ce qu’on appelle la Retirada.
Nous passons d’abord devant un mur représentant une file de réfugiés, en vérité la superposition de deux photos avec en premier plan des exilés de la guerre des Balkans, en couleur, et en dessous la file des exilés espagnols, plus ancienne, en noir et blanc : les visages sont les mêmes, inquiets devant leur avenir incertain.
Au deuxième étage, elle nous fait remarquer le plafond qui représente une étendue de sable avec des traces de pas : symbole tragique de « l’accueil » en France sur les plages du littoral. Ils pensaient avoir retrouvé la liberté, mais ce n’est que le sable, le vent, le froid qui les attendaient de l’autre côté de la frontière.
Sur les murs, de nombreux dessins de réfugiés représentant leur vie dans les camps.
Roser nous explique, donc, le coup d’État en juillet 36 de Franco, contre la République qui venait d’être gagnée aux élections. Nous connaissons bien cette histoire, nous frontaliers d’une association qui s’engage dans les combats pour la justice sociale.
Ensuite, nous pouvons voir des vitrines disposées en labyrinthe qui sont des témoignages, écrits, objets trouvés dans les camps. Roser nous fait remarquer l’importance de rendre témoignage pour ne pas oublier l’histoire.
La visite terminée, nous partons maintenant nous restaurer à la Vajol, à une dizaine de km, lieu symbolique de la mémoire des exilés. À quelques pas, dans la végétation, une sculpture en bronze représente un père et sa fille unijambiste sur cette route de l’exil. Plus loin, nous sommes près du col de Lli, passage utilisé par les membres du gouvernement espagnol. Un monument est érigé en mémoire de Lluis Companys, Président de la Généralité de Catalogne en 1934 jusqu’à la guerre civile espagnole.
Belle sortie dont nous nous souviendrons.
Isabelle Moner
